mardi 23 juin 2009

Manger, boire, respirer « sain » ? : Réponse mathématique et sagesse des anciens

André Malraux a dit « le troisième millénaire sera spirituel ou ne sera pas », et par spiritualité il faut, selon moi, entendre la réconciliation avec les lois de la nature. Un retour aux sources et aux fondamentaux, est nécessaire : Respirer, boire et manger sainement…sans ce tiercé gagnant, il y a peu de chance que la spiritualité, « casaque claire, toque foncée », vienne se placer en outsider…

J’ai donc pris un papier, une calculatrice, un stylo pour un petit exercice permettant de mesurer ce qu’un être humain consomme en air, eau et nourriture tout au long de sa vie, quand il a la chance de faire partie de la fraction nantie de l’humanité.

Prenons donc une espérance de vie de 81 ans, soit à peu près 30000 journées de 24 heures.

Dans une journée de 24 heures, nous inspirons et filtrons dans nos poumons 10000 litres d’Air, soit près de 880000 microbes, si on passe la journée sur les Champs-Elysées par exemple, et 500 si on la passe en forêt de fontainebleau !

Nous buvons aussi 1 litre d’eau (avec ou sans nitrate ?) et nous mangeons 1 kilo de nourriture (excès de graisse ? de sel ? de sucre ?).

En fin de vie, nous aurons respiré 300 Millions de litres d’Air et nous aurons bu et mangé l’équivalent de 2 camions de 30 tonnes…pas étonnant qu’on se traîne comme une voiture asthmatique, d’autant plus que cela se fait généralement sans changer de filtres : mêmes poumons (filtre à air), mêmes reins (filtre à essence), même foie (filtre à huile) et mêmes intestins (notre centrale portative de recyclage et élimination des déchets).

Le corps humain est une petite merveille comparée à la plus fabuleuse des mécaniques, et son entretien procède de réflexes simples : Prendre l’air, boire et manger sainement…si cette hygiène de vie n’est pas respectée, les cellules s’encrassent, et vont décider de faire appel à un tonton flingueur pour faire le ménage : la maladie…

Cette vision volontairement provocatrice et décalée, est proche de celle dispensée dans le Charaka Samhita, ouvrage fondateur de Ayurveda, la "Science de la Vie", née en Inde il y a plus de 3500 ans, et qui considère l’alimentation comme le 1er traitement :

« Quand le régime est mauvais, les médicaments sont inutiles, quand le régime est correct, les médicaments ne sont pas nécessaires »

Qu’est-ce qu’un bon régime et une bonne hygiène de vie ?

« Il faut que tu respires », comme le chante Mickey 3 D, et si possible au grand Air, et loin des zones urbaines,

Pour l’alimentation, les anciens sages fondateurs de l’Ayurveda, nous recommandent de respecter les 6 caractéristiques suivantes de votre alimentation quotidienne:

Produits du terroir: privilégier les aliments naturels de votre lieu de vie,

Produits de saison: A chaque saison, ses fruits et ses légumes. Notre corps aussi a ses saisons…

Produits frais: Au-delà de 48 heures, les toxines commencent à se développer…

Harmonie de goût : il y en a 6 (Sucré, Acide, Salé, Amer, Piquant, Astringent). L’alimentation moderne fait la part belle aux 3 premières S-A-S, pensez aux 3 autres…A-P-A, comme "pas de bonne pêche sans de bons appâts"

Harmonie de couleurs : La nature est harmonieuse, colorée, nos assiettes doivent l’être également,

Esprit de préparation : C’est cette règle qui est la plus souvent oubliée chez les occidentaux : pensez à ce que vous préparez, et soyez à ce que vous mangez et partagez avec vos amis, votre famille…mettez y de l’intention, du partage, de la convivialité,..

Considérez ce message de + de 3500 ans, comme la 1ere prescription de la médecine universelle et intemporelle, celle qui nous relie à la Terre…Il s’agit simplement d’y lire un peu de notre histoire et de notre projet.

dimanche 21 juin 2009

La sirène de Copenhague


Je n'ai pas peur mais je suis inquiet. Dans moins de 6 mois maintenant, l'ensemble de ce qui compte de "décideurs" sur la planète va devoir prendre des mesures exceptionnelles pour enrayer une catastrophe programmée. 2025, quinze ans, voilà le temps, le peu de temps qu'il nous reste pour éviter de tomber dans l'irréversible.
A ceux qui ne veulent voir dans l'entame de ce petit texte qu'un énième discours de rabat-joie pessimiste incapable d'une confiance à toute épreuve dans l'exceptionnel talent de l'espèce humaine à se sortir de toutes les situations, je rappelle à ceux-là qu'ils ont plus souvent fait partie des débuts que des fins, des Vichy que des De Gaulle, des abris anti-atomiques que des premières lignes, des gros 4x4 plutôt que des vélos.
Les évènements du dernier siècle à eux seuls suffisent à comprendre à quel point nous ne consentons pas au réel. La guerre de 14/18 devait durer un an, les allemands devaient rester bloqués en Pologne en 1939, le Rwanda était un conflit "local et isolé, inter-ethnique". Qui aurait même parié sur l'arrivée d'un deuxième avion dans les Twin Towers ne serait-ce qu'une minute après l'explosion du premier ? personne sans doute...
Nous devons consentir au réel.
Nous devons constater que la réalité est bien pire que la fiction.
Bruce Willis et son "Piège de cristal" est une animation de Disney Corp à côté du 11 septembre...

Pourquoi sommes-nous si lents à croire ? D'abord parce que nous sommes ramollis, avachis, engourdis et abêtis par ce que nous acceptons de vivre. Nous sommes détournés du vrai but de notre existence, nous ne cherchons pas ou si peu ce but, nous essayons d'oublier notre mort certaine aux travers de plaisirs incertains.
Nous sommes lents à croire parce que la vie nous traverse trop peu...
Il ne s'agit pas d'adhérer mollement à une attitude écolo via deux trois bonnes pratiques pour lesquelles faire une p'tite pub dans tout le quartier : "tu vois, Monique, maintenant je ne prends plus de sacs plastiques au Super U et je porte mes bouteilles au bac vert, même mieux : le lait je prends du bio...tu vois je m'y mets !".
A ce rythme, je crains que notre ami Yves (Paccalet) ait raison : "l'humanité disparaitra, bon débarras". A quand l'amende de non recyclage, la taxation des produits qui sont chargés en pesticides, le triplement de la taxe "gros 4x4", l'interdiction à la vente des matériaux non-écologiques, etc,...!!!

Oyé braves gens ! Il nous faut du lourd, du costaud, pas de la demie portion pour les années qui viennent.
Les Etats-Unis proposent de baisser de 4% leurs émissions là où l'Europe est à 20%. Ni la Chine, ni les Etats-Unis n'avaient signé Kyoto. Vont-ils signer Copenhague ? Ils sont pourtant aujourd'hui parmi les plus gros pollueurs de la planète...
Je n'ai pas peur mais je suis inquiet aussi de voir à quel point, au travers de notre peu de réaction, nous n'aimons pas nos enfants, à quel point nous les méprisons, nous les prenons pour des objets, des "gamins de compagnie". Nous leur donnons des produits pourris à manger, nous leur vidons le cerveau avec des jeux de guerre et de compétition, nous les mettons dans des écoles vides d'écologie, nous voulons pour eux une vie facile alors que nous devrions leur souhaiter une vie heureuse.
Combien parmi les "décideurs" votants de Copenhague pensera à ses propres enfants en les aimant vraiment, aux enfants de la planète en les aimant vraiment ?

Chante, chante petite sirène de Copenhague, mais si Andersen voyait ce que devient notre conte de la Terre, sûr qu'il te demanderait de sonner, et de sonner fort, sirène de Copenhague...

dimanche 14 juin 2009

Soupe au lait et à la grimace


Disons le tout net, les problèmes de "producteurs", quels qu'ils soient, ne nous laissent pas indifférents. Déformation professionnelle sans doute.

A ce titre, la crise laitière française révèle à nouveau cette désespérance internationale qui touche tous ceux qui fabriquent ce que nous mettons in fine dans nos assiettes. Ceux qui nous nourrissent sont les moins bien nourris et ont eux-mêmes du mal à se nourrir. Qui faut-il croire ? Qui gagne quoi ?

Aujourd'hui un litre de lait est acheté au producteur 0,28 €. Une vache produit environ 6000 litres de lait par an soit 1680 € de chiffre d'affaires par an. Prenons le principe d'une marge brute à 30% pour tous les acteurs de la filière. Avec 30% de marge, notre producteur gagne 504 € par vache et par an, soit sur un troupeau moyen de 40 vaches, 20 160 € sur lesquels il doit payer ses charges de structures et ses charges salariales. Avec 30% de marge, il gagne 0,084 € par litre.

Imaginons maintenant un lait entier de marque vendu à 1,07€/l TTC, soit 1,01€/l HT en grande surface. Avec une marge à 30% pour notre distributeur, la marge par litre est à 0,30 €, soit 3,6 fois plus que le producteur. Pour un même volume de lait que le producteur, le distributeur va disposer d'une masse de marge de 6000 l x 40 vaches x 0,3 = 72 000 €.

Entre les deux, l'industriel qui lui a collecté, mis en bouteille, étiquetté et livré au distributeur a acheté à notre producteur son lait à 0,28 €/l et l'a vendu au distributeur à 0,71 € (1,01 -0,3), sa marge à lui est de 61%...A moins alors que ce soit le distributeur qui marge plus et l'industriel qui marge moins ? Laissons les se débrouiller entre eux....

Ce dont nous sommes sûrs c'est que le prix du lait payé à 0,28 €/l est une annonce officielle et que le prix de 1,07 €/l est issu ce jour du comparateur "quiestlemoinscher.com"....

Pourquoi cette démonstration ?

Pour expliquer au consommateur que ce qu'il paye avant tout ce ne sont pas les subventions des producteurs mais les spots de pub TV ultra-coûteux des marques sur le lait ou les tracts en couleur distribués massivement par les distributeurs dans nos boîtes aux lettres...

Pour expliquer au consommateur que les pourcentages sont des pièges dans les calculs : préfèreriez-vous gagner 30% de 100 000 € ou 15% de 1 000 000 € ? Faites le calcul et vous ferez le bon choix.

Pour expliquer au consommateur qu'il pourrait imaginer une histoire dans laquelle tout le monde ferait 30% de marge. Le prix du lait ne serait pas à 1,07 €/litre mais à 0,98 €/litre. Pire ! si tout le monde, producteur, industriel transformateur et distributeur prenait le même montant de marge, mettons 40 000 € par exemple, le litre de lait serait lui à 0,70 € le litre !!!

Pour expliquer au consommateur que si la transparence des prix n'est pas réalisable aujourd'hui c'est parce qu'il faudra du temps pour mettre autour de la table, ensemble, les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les consommateurs. Que ce temps est nécessaire pour atteindre la maturité qu'il faudra alors à chacune des parties pour ne pas tomber dans le piège du "prix le plus bas", qui ruinerait définitivement les fondements de la confiance, bien préférable et de loin, à la transparence.

Nous percevons pourtant au travers de ces crises à répétition, l'urgence et la nécessité d'établir une économie sur le prix le plus juste, bâti sur un contrat entre quatre parties, conscientes que de leur responsabilité découlera un équilibre et une stabilité pour un développement harmonieux de la filière.


Une redistribution des rôles dans la filière dans laquelle les distributeurs seraient vaches et où les agriculteurs deviendraient veau-tours n'apporterait aucun effet boeuf.

Le défi des prochaines années est de réunir tout ce petit monde autour d'une table pour décider de ce que nous voulons faire ensemble. Nous nous y employons..